L'archéologie des paysages sonores

Introduction

L'archéologie des paysages sonores étudie et analyse les environnements sonores passés afin de contribuer à la recréation des paysages sonores historiques. Ces reconstructions sont des hypothèses de travail, sujettes à modification en fonction de nouvelles données scientifiques ou interprétations. La résolution de l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel [1] souligne l'authenticité, que l'archéologie des paysages sonores soutient en proposant des reconstructions plausibles tout en préservant cette authenticité.

Les paysages sonores sont définis par la norme ISO comme des constructions perceptuelles existant par le biais de la perception humaine. Les modèles audibles basés sur cette définition permettent une étude sensorielle du passé. En analysant les traces archivistiques et les enregistrements, les paysages sonores reconstitués incluent de véritables sons environnementaux, non des effets. Tout son non reproductible en raison de lacunes dans les données est signalé, mais cela n'altère pas l'expérience immersive d'écoute.

L'archéologie des paysages sonores recontextualise l'histoire à travers des expériences sensorielles, nous permettant d'explorer des monuments comme Notre-Dame afin de comprendre leur évolution, leurs contextes urbains et leurs interactions sociales. Les principales couches sonores incluent :

Pour en savoir plus sur ce sujet, voir [2].

Évolution de l'espace géographique

La zone géographique autour de Notre-Dame a évolué considérablement entre le XIIe et le XIXe siècle. Les changements comprenaient l'extension du site, la construction urbaine et le développement des quais. En 1850, l'environnement était plus proche de son apparence contemporaine. Cependant, des transformations comme la mécanisation du transport maritime (par exemple, les bateaux à roues à aubes) ont affecté l'environnement acoustique.

Plan de la cathédrale en 1170 et 1850, montrant l'évolution géographique et urbaine.

Principales observations

La comparaison diachronique met en évidence que les avancées technologiques, comme le transport mécanisé, ont introduit de nouveaux sons, que les charpentiers, maçons et forgerons jouaient des rôles constants dans les deux périodes, et que les paysages sonores périphériques (ambiances urbaines et fluviales, par exemple) ont connu des changements notables. Recréer les paysages sonores historiques implique de capturer et de restaurer fidèlement ces éléments auditifs. Le processus est documenté dans le carnet de recherche ArcheoSon.


Étude de cas : Les chantiers du XIIe et du XIXe siècles

Basé sur des méthodologies de projets tels que Bretez et ESPHAISTOSS, ce projet a requis la reconstitution des paysages sonores des périodes de construction et de restauration de Notre-Dame.

Paysages sonores de 1170

Pendant la construction médiévale de Notre-Dame, les espaces sociaux incluaient des adultes et des enfants. Les ouvriers tels que les charpentiers, tailleurs de pierre, maçons et forgerons dominaient l'environnement. Les charpentiers érigeaient les échafaudages, tandis que les tailleurs de pierre travaillaient sur les blocs et les sculptures.

Paysages sonores de 1850

Pendant la restauration du XIXe siècle sous Viollet-le-Duc, le site était réservé aux ouvriers et artisans. Viollet-le-Duc visait à restaurer fidèlement la structure originale, maintenant des sons d'activités cohérents avec les périodes antérieures.

Bibliographie

[1] « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel », Rapport technique, UNESCO, 2018 (url).

[2] Katz, B. F.G. et Pardoen, M., « L’écho de la cathédrale », dans P. Dillmann, P. Liévaux, A. Magnien, et M. Regert, éditeurs, Notre-Dame de Paris, la science à l'oeuvre, pp. 130–135, Le Cherche-Midi, 2022, ISBN 9782749174310. (url).